Présentation
Le film documentaire d’Hélène de Crecy, La consultation, nous présente une douzaine de tableaux correspondant chacun à des entretiens réalisés dans un cabinet particulier ou à domicile d’un médecin généraliste.
Elle nous donne à entendre la mise en question par le médecin de son propre travail à lui et le rôle qu’il joue parfois sans le vouloir. Il ne s’agit plus d’une médecine sanitaire, mais d’une médecine sociale. La maladie de vivre dans notre système.
La maladie est la vie elle-même. Nous pouvons jusqu’aller dire que les médecins sont « le cul d’entonnoir » du système économique et social dans lequel nous vivons, malgré notre « modernité occidentale. Les entretiens des malades avec les médecins généralistes deviennent la mesure des effets dévastateurs de la société elle-même. Et « le goulot » est la consultation chez le médecin généraliste. Le milieu médical participe malgré lui à médicaliser les actes de la vie, pathologiser la misère.
La dame de 76 ans à qui le médecin demande « qu’est-ce que je peux faire pour vous », lui répond, RIEN … rien.
Peut-être y a-t-il eu chez elle une prise de conscience quand elle s’est s’aperçue que le seul ressort pour s’en sortir était en elle-même. Ni ses enfants, ni le médecin ne pouvaient rien pour elle.
Ce médecin arrive à souffler une espèce de confiance chez le malade qui vient le consulter, il ne s’agit nullement des entretiens techniques.
Sinon, nous tomberions dans un défilé de grande douleur, d’une misère terrifiante, d’une décrépitude. Car parfois, chez certains, il s’agit d’une décrépitude où rien n’est épargné : ni l’aspect financier, ni la déchéance psychique, moral, physique ou psychologique.
Le déplacement de caméra est magnifique. Avec ce recours Hélène de Crecy arrive à mettre en haleine le spectateur, qui ne sait absolument rien de ce qui va se passer dans la rencontre qui succédera à celle qui vient d’arriver, dans cette série d’entretiens médicaux. Autant le médecin généraliste que chaque patient qui se sont prêtés généreusement à ce documentaire sont louables, car ils permettent au spectateur une identification possible, soit au médecin, soit au malade, ainsi qu’une prise de conscience de notre réalité quotidienne dont le bombardement quotidien des publicités du « bien vivre pour un demain heureux » nous endort et empêchent d’appréhender le présent bien plus sinistre.
Un film qui sera bien reçue par le public en général et aussi par le public constitué par les chercheurs en sciences sociales, psychologues, psychanalystes, et pour tous ceux qui s’intéressent à notre réalité présente.
Gricelda Sarmiento, psychanalyste
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