Naissance et évolution du Groupe de contact

Le 12 janvier 1997 premier échange de courrier entre Marilia Aiseinstein et Gricelda Sarmiento pour envisager un projet d’échanges cliniques entre psychanalystes freudiens de la Société Psychanalytique de Paris et des psychanalystes lacaniens.

Une rencontre préliminaire a lieu peu après avec Claude Dumézil et Jean-Pierre Faye. La fréquence, mensuelle, le lieu, la Maison des Sciences de l’Homme, sont fixés.

En  mai 1997 la première séance de travail se tient avec la participation par cooptation de Bernard Bremond, Jean Cournut, Gilbert Diatkine Alain Didier Weill, Claude Dumézil, Patrick Guyomard, Paul Israel, Patrick Miller et les deux initiatrices. Jean-Pierre Faye, philosophe et écrivain assistait à nos réunions, c’était le tiers nécessaire à ce moment-là.

 Il s’agissait une fois par mois de présenter, à tour de rôle un travail clinique à discuter ensuite sous un angle théorique selon les références de chacun.

Après deux années à la Maison des sciences de l’Home, l’expérience s’est poursuivie chez Marilia Aiseinstein. Le décès de Jean Cournut est venu donner un coup d’arrêt brutal et douloureux à notre travail. La poursuite, ou plutôt maintenant la relance de l’expérience, est suspendue à ce temps de deuil.

En même temps, à la rentrée 1999, et devant l’inquiétude suscitée par la préparation du projet de Loi Marchand, Jean Cournut lance un projet d’un autre ordre.

Les membres de ce groupe se réuniraient aussi dans un autre lieu, en élargissant le nombre de participants, pour réfléchir aux problèmes de Société qui se répercutaient sur la psychanalyse et auxquels nous ne pouvons pas rester indifférents.

Alors, nous avons commencé cet autre type de réunion, indistinctement chez Marilia Aiseinstein ou Jean Cournut.

Voici donc l’émergence du groupe de contact, qui prend ses racines d’une expérience clinique précédente et du climat de confiance qui en est résulté.

Dans un premier temps, une définition de la psychanalyse fut notre premier souci.  À savoir, comment extraire la psychanalyse d’un vocabulaire utilisé par différents types de psychothérapeutes qui se sont appropriés ce nom en le banalisait au point de perdre toute sa pertinence ?

Chacun de nous a rédigé un texte pour délimiter conceptuellement le champ analytique. Marilia Aiseinstein et Claude Dumezil ont élaboré le texte définitif, que nous avons gardé en attendant le moment opportun pour le faire connaître. (1)

Rapidement se sont joint à nous la présidente de l’APF, Evelyne Séchaud, le représentant du Quatrième groupe M. Zahoui, remplacé ensuite par Gérard Bazalgette, Jacques Sédat, de l’Association pour une instance tierce de la psychanalyse, Jean Bergès, de l’Association freudienne de psychanalyse, puis Gérard Pommier.

En 2000 nous avons participé aux rencontres organisées au Sénat, une par M. Accoyer en mars, l’autre par M. Marchand en janvier.

En avril 2001  nous avons décidé d’une action de chaque association en son nom, adressée simultanément aux pouvoirs publics représentés par M. Kouchner,  ministre de la santé, et à Mme. Guigou, Ministre de l’Emploie et de la solidarité. Nos courrier attiraient leur attention sur la gravité de la situation concernant la psychanalyse et l’urgence de contrer toute tentative de confondre le champ psychanalytique avec d’autres procédures thérapeutiques.

On participé les suivantes associations :

Analyse freudienne, Association freudienne internationale, Instance tierce, Association psychanalytique de France, Centre de recherche en psychanalyse et écriture, mouvement du Coût Freudien, Espace Analytique, Fondation européenne de psychanalyse, Quatrième groupe, Société psychanalytique freudienne, Société psychanalytique de Paris.

L’École Sigmund Freud s’est ajoutée à la liste de signataires.

On nous a répondu d’une part en nous remerciant de nos observations, d’autre part en nous informant que l’ANAES sera prochainement saisie sur le thème des psychothérapies, afin de bien définir les concepts et le champ concerné, avant toute esquisse de réglementation et que nous seront tenus au courrant.

Avec le nouveau gouvernement de mai 2002, l’urgence des risques qui menaçait le champ psychanalytique restait occultée par  les mesures que le gouvernement élaborait pour tenter de résoudre d’autres problèmes.

Mais le 8 octobre 2003, l’Assemblée fait passer l’amendement Accoyer. La surprise a été générale, quoique attendue par les associations de psychanalyse qui sont restées toujours vigilantes. Les psychanalystes ont immédiatement multipliée les rencontres, ils en ont créée de nouvelles, afin d’intégrer le maximum de réflexions sans bruitage médiatique, par des réseaux de différent ordre, mais avec la ferme intention de défendre la spécificité psychanalytique.

En décembre 2003 une rencontre a eu lieu avec M Mattéi. Cette rencontre était importante. Elle avait été précédée d’un texte commun, - à l’exception notable de l’APF -, demandant l’exclusion de la psychanalyse et de la psychothérapie psychanalytique du champ de l’amendement.

Le 19 janvier 2004 l’Amendement Accoyer a été remplacée par l’ amendement Mateï-Giraud qui lève toute ambiguïté au champ de la psychanalyse et ses applications : “Le vote de sénateurs reconnaît la spécificité de la psychanalyse et le rôle irremplaçable des associations dans la qualification et la formation de leurs membres”.

Gricelda Sarmiento

Le 10 mars 2004

(1) La psychanalyse est une investigation de processus mentaux inaccessibles autrement et une méthode thérapeutique qui se fonde sur la découverte freudienne et son enrichissement ainsi que l’extension de son champ d’application.

La référence à l’inconscient comme au transfert lui est indispensable et exclut toute formation à qui n’en a pas fait l’expérience personnelle sur le divan.

La psychanalyse inclut la pratique de variantes de la cure adaptées à l’organisation psychique de certains patients.

La psychanalyse se démarque de toutes les autres méthodes psychologiques et psychothérapiques car en privilégiant l’interprétation du transfert, au lieu de l’utiliser, elle cherche — sans aucune volonté d’adaptation à quelque modèle préétabli que ce soit — à éliminer autant que faire se peut toute suggestion.

Comme conséquence logique de ces principes se dégage la nécessité d’un cadre de la cure en relation avec l’éthique psychanalytique requérant du praticien une neutralité et une confidentialité confondues à la technique même de la psychanalyse.

Marilia Aisenstein – Claude Dumézil