Séminaires 2008-2009

Paul-Laurent Assoun assurera un double cours-séminaire au grand amphithéâtre CMME, 100, rue de la Santé, les 2e et 4e jeudis de chaque mois, alternativement sur le thème «Vérité et “semblant”, réel et jouissance de Freud à Lacan» et sur le Séminaire XVIII, « D’un discours qui ne serait pas du semblant » (dernier séminaire paru de Jacques Lacan).

Vérité et « semblabnt », réel et jouissance de feud à Lacan

Lacan introduit la notion de « semblant » dans la dernière partie de son trajet. Notion ténue qui est pourtant un opérateur déterminant de sa théorie de la « vérité », qui parle mais s’avère avoir « structure de fiction ». Il s’agit de la cerner en toutes ses dimensions. Le « semblant » fait miroir au vrai, soit le miroitement, au cœur du réel, d’un effet de « semblance » de la vérité, éminente figure du réel, à la fois erratique et irrécusable – telle les météorites qui ne font que fulgurer .
Vieille question à l’origine de la philosophie : que l’on pense à l’homme du simulacre qu’est le sophiste, face au désir de vérité que l’on retrouve chez le métaphysicien et le moraliste -- au sens de La Rochefoucauld, expert de l’hypocrisie et des masques-- , sauf à le prendre au sens structural, d’une prise de « l’humain » dans le semblant comme faire et être, bref du « mensonge » anthropologique. Freud le rencontre avec la catégorie de l’illusion et de l’apparence, mais aussi de « l’hypocrisie de culture ».
Question immense au plan analytique, qui engage d’abord la dimension imaginaire -- c’est de « ressembler » à son image que le moi à l’origine entre dans le spéculaire -- et la dialectique de la castration, entre « visible » et « invisible »-- objet du regard, sensible dans l’ « anamorphose ». Mais qu’est-ce que ressembler à quelqu’un d’autre ? Cela engage la question du « double » dont Freud a épinglé la fonction Umheimliche. A l’autre bout, c’est la question du réel qui se pose : le semblant n’est pas seulement le « comme si » ( auquel Freud est spécialement rétif), mais l’agrafe du réel, ce qui réinterroge la jouissance .On proposera une /clinique du semblant/, de l’hystérie au passage à l’acte,qui culmine dans le fétiche, jeu phallique fallacieux mais aussi jouissance prise à la lettre. Cela pose aussi la question de la production sublimatoire de « semblants » homologués par la Culture, nommés « œuvres d’art ». Confrontation à la fonction de semblant centrale, celle dont se soutient le lien hommes/ femmes, ce qui donne de nouvelles couleurs à l’impossible du rapport sexuel, en l’interrogeant du côté de la fonction de « tromperie » de l’amour, mais aussi de sa vérité, l’angoisse, soit l’affect qui ne trompe pas. Cela pose la question « d’un discours qui ne serait pas du semblant » (appréhendé parallèlement cette année) qui renvoie à la lettre et à l’ « achose ». Enfin si la vérité relève du « mi-dire », elle se joue dans l’analyse, en ce que l’analyste se fait « semblant d’objet a ». Comment situer l’analyste, avec son exigence indéfectible de vérité inconsciente, traversée du semblant et accès à la vérité du désir ?

Le cours-séminaire aura lieu les  jeudi de chaque mois à part à partir du 2 octobre 2008 et les 13 novembre et 11 décembre 2008, les 8 janvier, 12 février, 12 mars, 9 avril,14 mai et 11 juin 2009

Séminaire XVIII « D’un discours qui ne serait pas du semblant»*

Sous ce titre, Lacan explore dans l’année 1971 la catégorie de semblant en l’articulant à sa théorie des discours. Trajet vertigineux qui sera ici détaillé : partant du semblant dans la nature – du météore et de l’arc-en-ciel -- et du monde animal (la « parade ») (ce qui l’interroge résolument du côté du réel et non du « comme si ») pour dégager les figures inconscientes du semblant dans le monde humain : du signifiant au phallus. Cela renvoie au « plus de jouir », ce qui fait de Marx rien moins que l’inventeur du symptôme aux yeux de Lacan, la « plus value » donnant la clé du fétichisme marchand et du discours qui en assure la reproduction.
Cela entraîne des développements en cascade sur le rapport de l’homme et de la femme à la vérité et au semblant, sur l’écrit, la parole et la lettre. Vérité et semblant ne sont pas des opposés, implacablement noués qu’ils sont dans et par le discours, qui lui-même donne corps à la jouissance. S’il n’y a de discours que du semblant, cela interroge la place du « discours de l’analyste » et son entrée sur la scène, après le théâtre hystérique. Cela permet de situer le semblant du côté du « signifiant maître » comme le ressort des « quatre discours ».
Un moment décisif étant la référence à l’instance de la lettre, on trouve ici un auto-commentaire croisé du Séminaire de la lettre volée et de « Lituraterre », ce qui permet la traversée de la théorie lacanienne de la « lettre » en son articulation au signifiant. Séminaire essentiel pour approcher le fameux « impossible du rapport sexuel ». Retour à la question de l’articulation de la jouissance au réel, le semblant apparaissant non comme une fiction mais comme l’assise du réel, la castration nouant la jouissance et le semblant.

(Le cours- séminaire aura lieu le 4e jeudi de chaque mois à partir du 23 octobre, soit le 27 novembre 2008, les 22 janvier, 26 mars, 28 mai et 25 juin 2009

Ces dates tiennent compte des congés annuels (du 25 octobre au 5 novembre 2008, du 14 février au 1er mars, du 11 au 26 avril 2009)

* Éditions du Seuil, 2006